un article du Parisien du 21 janvier 2025 par Henrik Delaire

Plusieurs associations dénoncent les surcoûts du projet de réhabilitation et d’extension du conservatoire. Face aux « aléas du chantier », le territoire a voté une deuxième rallonge budgétaire, faisant bondir le budget initial, mais se veut rassurant.
Les premiers de coups de pioche n’interviendront pas avant plusieurs mois mais la construction du futur auditorium semi-enterré du conservatoire de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine) est déjà dans le viseur de plusieurs associations. Elles dénoncent les surcoûts dont fait l’objet le projet de réhabilitation et d’extension du conservatoire.
Dans une lettre ouverte adressée à la maire Aline de Marcillac (DVD), l’Association de défense de l’intérêt porté à Ville-d’Avray (Addiva) dénonce les deux rallonges budgétaires votées par l’établissement public territorial Grand Paris Seine Ouest (GPSO), gestionnaire des sept conservatoires du territoire. Après une première délibération en octobre 2023 faisant passer le budget initial de 11 millions d’euros à 17,23 millions, une seconde a été votée en décembre dernier, le faisant grimper à 19,52 millions d’euros. La proximité d’une nappe phréatique complique les travaux.
Entamé début 2024 avec la destruction des anciennes serres municipales, ce projet prévoit la réhabilitation du vieillissant pavillon de chasse où se tiennent la plupart des cours de l’école de musique, mais aussi la construction d’un bâtiment dédié à la danse qui sortira de terre à la place des anciennes serres, ainsi que de l’auditorium de 192 places enfoui sur deux niveaux sous la terrasse du château de Ville-d’Avray.
« Notre association ne conteste aucunement le principe de moderniser le conservatoire », assure Marie-José Servoingt, présidente de l’Addiva. « Ce que nous contestons c’est la création d’un auditorium qui apparaît davantage destiné aux élèves et aux professeurs du conservatoire, qu’à un public mélomane et que cet auditorium ait été positionné sous la terrasse du château. Cet emplacement, adossé au château et à proximité de nappes phréatiques, implique en final de multiples précautions techniques et une forte complexification du projet. »
En effet, dans la première délibération votée en octobre 2023, le conseil de territoire de GPSO avançait pour justifier cette rallonge que « l’étude hydrogéologique avait pu mettre en évidence la proximité de la nappe phréatique ce qui engendre un surcoût pour la mise en œuvre d’un cuvelage » pour garantir une meilleure étanchéité. « Elle s’explique aussi par le contexte économique mondial avec une augmentation de plus 10 % due à la flambée des coûts de l’énergie, pénurie de matériaux, surcharge d’activité dans le BTP ».
« Ce projet est surdimensionné »
« On sait qu’il y a beaucoup d’eaux souterraines dans le secteur mais nous n’avons pas de cartographie précise. La première esquisse de l’architecte ne prévoyait pas, cela fait partie des aléas du chantier ! », concède Nicolas Deverre, directeur général des services techniques de GPSO.
En décembre, le territoire a voté une nouvelle rallonge en raison de « nouveaux aléas identifiés lors de l’avancement de la conception ». « Ce projet est surdimensionné : d’abord à cause de la création d’un auditorium creusé à plus de 12 m de profondeur pouvant mettre en péril les fondations mêmes du château. Ensuite car l’architecture des salles de danse pourrait empêcher la perspective de l’allée conduisant au château », dénonce aussi l’association Sites et Monuments.
Les deux associations craignent de voir le budget de l’opération, dont l’avant-projet définitif a été voté en octobre, continuer d’enfler au fil du chantier, dont le marché public doit être lancé en 2025.
Multiples sources de surcoût
De son côté le territoire assure que l’inflation du budget ne s’explique qu’en partie par la nécessité de revoir l’étanchéité du cuvelage du futur auditorium. « Diverses autres causes expliquent ces surcoûts, comme les diagnostics bois et parasitaire qui ont mis en évidence des dégradations des ardoises, des lucarnes et des zingueries conduisant la direction régionale des affaires culturelles (Drac) à demander une reprise de la charpente et des couvertures ainsi qu’une réfection des façades », liste Pauline Robert, directrice du patrimoine et des espaces publics de GPSO.
« L’architecte des Bâtiments de France (ABF) a aussi demandé d’étendre la façade cannelée de l’Orangerie à l’ensemble de l’extension ente les deux pavillons et de supprimer les clôtures séparant le collège du reste du parc et les secours ont demandé la création d’une voie échelle pour un meilleur accès au château. »
La maire Aline de Marcillac (DVD), comme les responsables de GPSO, indiquent que le territoire a la capacité financière pour supporter ce surcoût et tablent sur « l’obtention de 3 à 4 millions d’euros de cofinancement principalement auprès de la région Île-de-France », comme l’ajoute Nicolas Deverre.
« Avec un autofinancement de 40 millions d’euros, une capacité de désendettement d’un an contre sept à huit ans en moyenne pour les collectivités locales et un plan pluriannuel d’investissement de 350 millions d’euros, le territoire a la surface financière pour financer cette augmentation », veut rassurer Antoine Marnette, le directeur général de GPSO.
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